Kaoru Kishiro - Take my soul from me. Cause I don't want to bleed.

Son animal est à l’image de l’homme rieur qu’il est : la hyène rayée.

Il peut la sentir en lui, comme une présence qui au départ l’effrayait, mais qui aujourd’hui à plutôt tendance à le rassurer, supportant alors que très difficilement les nuits sans lune.
Lorsqu’il est sous sa forme humaine, il garde plusieurs de ses capacités, la première et non pas des moindres pour un musicien, c’est l’ouïe surdéveloppée. Au quotidien, il s’en sert surtout pour apprendre de nouveaux instruments à présent, mais il peut percevoir des sons qu’il n’avait pas l’impression d’entendre avant et surtout, il peut les entendre de loin et savoir précisément la direction de la source du dit son. La seconde particularité qu’il lui reste est sa nyctalopie. Il voit parfaitement bien dans la nuit (insistons sur le terme nuit, comme tout le monde il serait parfaitement aveugle dans une pièce réellement dépourvu de la moindre source de lumière).
Fort heureusement pour sa mâchoire d’homme, la force de la mâchoire des hyènes n’est réserver qu’à sa force animale, sinon, il n’aurait plus de dents à ce jour.

Sous sa forme animale, Kaoru semble réellement ressembler à un loup-garou avec ce dos voûté et la démarche typique des hyènes mais sa gueule, ses oreilles, son pelage avec cette sorte de crinière le long de sa colonne vertébrale laisse au final peu de doute sur sa non-appartenance à la famille des loups.
Sous sa forme animale, il semble être plus petit, à cause de la forme arondit de son dos et cela n’est pas complètement faux, au garrot, ce n'est pas loin d’un mètre trente qu’il mesure ce qui est particulièrement impressionnant pour une hyène et vient définitivement signer la nature mutante de cette transformation. Il possède un pelage rayé avec peu de nuance de couleur, se situant plutôt dans les tons gris avec des rayures noir. Le plus impressionnant restant cette crête de poil qui court tout le long de son échine comme une iroquoise, prenant naissance entre ses deux grandes oreilles arrondies et se perdant dans l’épaisse fourrure de sa queue.

Il aime sa forme animale, il aime être sous sa forme animale et regrette de ne pas pouvoir le faire à volonté. Lorsqu’il se retrouve en hyène, il a la sensation que ses pensées, ses craintes, ses angoisses, tout cela s’envole et la vie lui semble au final plus supportable. Peut-être est-ce mieux qu’il ne puisse pas gérer ses transformations, auxquelles cas, il risquerait bien de rester sous sa forme animale tout le temps.
À l’heure actuelle, ses transformations sont hors de son contrôle et sont plutôt sous le contrôle de la lune et de ses émotions. Lorsqu’il devint animal, il ne le devint entièrement, pas seulement physiquement, ce qui a tendance à le rendre plus ou moins dangereux bien qu’en réalité, comme tous les animaux sauvages, il ne cherche pas à attaquer l’Homme et aura plutôt tendance à le craindre et l’éviter sauf s’il se sent réellement menacé.

Il n’est pas né sur le territoire américain, en réalité, il né au Japon. Abandonnée à la naissance, Kaoru a toujours ignoré pourquoi et cette question le hante encore aujourd’hui même si, en toute honnêteté, il n’a aucun souvenir de son enfance à l'orphelinat, il n’était encore qu’un enfant lorsqu’il fut adopté par un couple américain tout ce qu’il y avait de plus banal. Grace et Ryan n’avaient pas la chance de pouvoir procréer naturellement, mais leur désir de famille était grande et ils avaient déjà adopté deux autres enfants avant Kaoru, deux autres après. Kaoru était donc le petit dernier des garçons de cette joyeuse famille qu’ils qualifiaient de "famille arc-en-ciel". Pour être parfaitement honnête, le prénom Kaoru n’est pas le véritable prénom du jeune homme. Grace et Ryan l’ayant baptisé sous le prénom de Gabriel, mais c’est aujourd’hui un prénom que l’homme ne supporte pas d’entendre et qu’il garde pour lui. L’un de ces premiers et très nombreux mensonges par la suite.

Grace et Ryan étaient un couple charmant, aimant, typiquement américaine et profondément croyante. Ils étaient appréciés de leur voisinage. Kaoru a grandi dans une grande maison de style victorienne à Red Bank dans le New Jersey. En compagnie de ses deux grands frères ainsi que ses deux petites soeurs, tous venait de pays différent. Ils étaient encore quelque sorte la petite fierté du couple, mais à l’époque, aucun d’eux n’en avait vraiment conscience et ils étaient relativement heureux. Le couple avait une éducation stricte, mais juste, offrant un certain équilibre à leurs enfants adoptifs, un cadre de vie équilibré, un avenir, beaucoup d’amour.

C’est bien pour cette raison précise que chacun des enfants de la famille Peterson essayait de faire en sorte que leur parent soit fier d’eux. Devant la propension de leur dernier fils pour la musique, ils acceptaient d’exploiter ses talents et de les faire grandir en lui offrant des cours de guitare, faisant bien attention au genre de musique qu’il jouait.

Kaoru a toujours su qu’il avait été adopté, qu’il avait été abandonné à la naissance et il se souvient encore de la première fois que le "pourquoi ?" Avait franchit ses lèvres. Il se souvint de sa mère adoptive lui expliquant que celle qui lui avait donné naissance n’avait hélas pas assez d’amour dans son cœur pour s’occuper de son bébé et qu’elle avait préféré le confier, que cela arrivait, et qu’au fond cela leur avait permis de former une belle et heureuse famille tous ensemble. Au fond, sa nature à vouloir sortir du positif même d’une situation négative, il la tenait peut-être de Grace.

La réponse de Grace lui suffit un temps, mais en grandissant, il avait besoin de vérité…
Une vérité qu’il n’eut jamais.

Mais ce n’était pas le plus grave au fond. Ce n’était qu’une toute partie de ses soucis d’enfant. L’un des autres "soucis" qu’il eut fut de se rendre compte qu’il aimait vraiment les garçons. Il n’avait que dix ans lorsqu’il en prit pour la première fois conscience. Un cœur battant trop vite et trop fort face à un camarade du catéchisme. Steven...Il aimait les jolies boucles de ses cheveux, leur couleur d’or et ses yeux noisette. Il se souvint de ses premiers rêves humides et de cette sensation honteuse qui l’avait gagner en plus de se dire "ce n’est pas normal". L’Église où il allait condamnait ce type d’attirance alors naturellement, il ne dit rien, se disant que ça devait juste être une phase, ça lui passerait.

Mais ça ne passait pas... Malgré les prières, malgré sa volonté.
Même le départ de Steven ne changea rien.

Car après Steven, il y eu ce garçon dans son école: Cyriel. C’était son prénom qui l’avait fait tiquer en entendant un autre garçon l’appeler. Il était plus âgé que lui de deux ans, c’était un ami de ses frères, il était arrivé récemment en ville avec sa famille. Cyriel était grand, large d’épaule, des cheveux long et raide, couleur chocolat et des yeux vert, intense. Il avait quatorze ans à l’époque. Il aimait la musique et c’est ce qui les rapprocha dans un premier temps, Cyriel fut celui qui fit le premier pas lorsque, durant une visite chez eux, il remarqua l’adolescent en train de jouer sur sa guitare.

Il pouvait le sentir, dans sa façon de le regarder, dans sa façon de lui parler, il sentait quelque chose, une sorte de connexion, un lien et il était presque certain que Cyriel pouvait le sentir aussi. C’est pour cette raison qu’au départ, il évitait ce dernier, se montrait même parfois désagréable avec lui ou tout du moins, distant.
Mais ce garçon de seize ans avait compris, bien que Kaoru à l’époque. C’est à l’école que l’adolescent s’arrangea pour se retrouver seul avec ce dernier. Une nouvelle discussion, une demande d’explications face à la froideur de Kaoru…

"Tu es comme ça seulement avec moi, j’aimerais savoir pourquoi Gaby"
"Ne m’appelle pas Gaby, il n’y a que mes amis qui m’appelle comme ça."
"Tu vois ! Ce n'est pas juste, je n’ai rien fait pour mériter que tu te montre aussi froid avec moi"
"Bien sûr que si !"

Avait-il craché, dans un désarroi complet.

"Ah bon ? Et qu’ais-je fait ?"
"Tu..."

Et la réponse dans sa tête n’était pas tout à fait clair, concrètement, qu’avait-il fait ? L’attirer ? Pouvait-il réellement lui en vouloir pour sa propre maladie ? Sa propre déviance ?

"Gabriel..."

Ce ton, doux, presque murmurer lui fit relever les yeux sur l’adolescent de deux ans plus âgé que lui. Il rougissait, pourquoi ? Il s’approchait de lui et il savait qu’il avait probablement dû reculer, mais lorsqu’il se tenait près de lui, il pouvait sentir l’odeur de son parfum et il aimait cela. C’était plus fort que lui.
Et puis personne ne pouvait le voir, il ne faisait pas respirer, ce n’était pas un crime.

"Dis moi ce que je t’ai fait ?"
"Pourquoi, c’est si important ? Tu es ami avec mes frères, pas avec moi, je suis plus jeune que toi, on ne fréquente pas les même cours... Ca n’a aucune importance."
"Si, au contraire, ça a de l’importance pour moi"
"Pourquoi ?"
"Tu sais très bien pourquoi..."

Il fronça les sourcils, se noyant un peu dans ses yeux vert alors qu’il passait une main dans ses cheveux court, se disant qu’il aurait aimé avoir les longs cheveux de Cyriel.

"Non..."

Dit-il, incertain et si bas que c’était à peine audible.

"Tu me plais, Gabriel..."

Et ces mots le firent autant frissonner de plaisir que de peur, il se sentit rougir, mal à l’aise, effrayer, apeurer. Il recula.

"Arrête tes conneries."
"Je suis très sérieux."
"Je ne suis pas gay !"

Il eut un silence, un regard, et Cyriel eut la confirmation de ce qu’il craignait.

"Tu sais que ce n’est pas un problème ?"
"Bien sûr que si ! C’est interdit."
"Par qui ?"
"Dieu !"
"Personne ne peut se vanter de connaître la parole de Dieu..." Expliqua Cyriel en s’approchant à nouveau "Mais je comprends maintenant pourquoi... Je te plais aussi, je le sais, je le vois, je le sens et tu peux le sentir." Il parlait calmement, et bien qu’il s’était approché d’un pas, il resta à une distance respectable et rassurante. "A chacun, il dit, tu as du prix à mes yeux et je t’aime..." Rappela-t-il à Kaoru "Être croyant, c’est reconnaître que l’on est aimé de Dieu et de tendre vers le meilleur. Ton attirance n’a rien avoir avec ta foi, Dieu t’a fait ainsi et t’aime ainsi, car le plus important, c’est ça... L’amour... Être accompagné... Faire le bien autour de toi..."

Il eut un sourire rassurant, sa voix était douce, reposante et le mouvement de ses lèvres presque envoûtantes.

"Cela fait partie de toi et dieu t’aime ainsi..."

Assura-t-il, c’était ainsi que Cyriel composait avec sa propre foi, que ses parents composaient avec leur foi et les attirances de leur fils. Il n’avait jamais cessé de l’aimer et lui avait inculqué ce message de paix et d’amour. Les paroles de Cyriel eurent le don d’offrir à Kaoru un peu d’espoir, pour éteindre ses angoisses quelques secondes, quelques minutes... Il lui donnait l’envie de croire que ce qu’il disait était vrai, cela avait du sens pour lui, cela résonnait dans son cœur, car cela faisait des années qu’il priait pour qu’on le change, mais rien n’avait été fait et peut-être était-ce pour ça ? Parce qu’au fond, Dieu l’aimait comme il l’avait fait.

Devant le calme de Kaoru, Cyriel approcha à nouveau, ils étaient seuls et il ne put s’empêcher d’essayer un contact physique. Tendant une main vers la sienne, il prit celle de Kaoru et il se laissa faire.

"Tu dois lui faire confiance..."

Murmura-t-il à nouveau, essayant de comprendre ce qui traversait l’esprit de l’adolescent de quatorze ans. Kaoru avait détourné les yeux, se sentant quelque peu chambouler, déboussolé, il avait tellement envie de le croire. Cyriel venait d’une famille tout aussi croyante que la sienne, ils étaient à l’église tous les dimanches, étaient-ils vraiment au courant ? Peut-être que Cyriel lui mentait, peut-être qu’il était une épreuve mise sur sa route pour tester sa foi ? Relevant les yeux vers le jeune homme, il s’attarda sur les traits de son visage, se perdit dans le vert de ses yeux et il ignora ce qui le poussa à faire ça, mais il l’embrassa. C’était son premier baiser, il n’avait jamais montré d’intérêt pour les filles mêmes si à son âge, elles, elles commençaient en montrer pour lui. Le baiser fut long, doux, timide et tendre, et ce fut aussi le moment le plus agréable de sa vie. Il se sentait à sa place, il se sentait bien, il se sentait heureux... Alors oui... Peut-être que Cyriel avait raison.

Il ne suffit pourtant que d’un bruit, un simple grincement porte au loin pour que Kao revienne à la réalité, repoussant brusquement Cyriel, il marmonna des excuses tremblantes avant de s’enfuir jusqu’à chez lui. Mais ce baiser... Ce premier baiser... Il le hantera beaucoup trop pour simplement faire comme si cela n’avait jamais eu lieu et Cyriel…. Cyriel était le genre de garçon à ne pas baisser les bras, pas tant parce que Kaoru lui plaisait, mais parce que quelque part, ça le touchait de voir l’adolescent être aussi malheureux et mal dans sa peau pour quelque chose qui n’avait pas lieu d’être un obstacle. Alors avec un peu de temps, de patience, ils se voyaient plus souvent. L’excuse de la musique était parfaite, devenant ami, meilleur ami, c’était l’image qu’ils offraient à tout le monde bien que lorsqu’ils étaient seuls l’un et l’autre... Kaoru découvrait à nouveau le plaisir d’être lui-même.

Cyriel le présenta à ses parents, expliquant très honnêtement la situation et au moins, au cœur de la maison de Cyriel, le couple pouvait se montrer sans crainte. Cette maison représentait un petit espace de liberté, sans jugement, sans crainte. Il s’attacha aux parents de son petit ami caché, il passa beaucoup de temps à discuter avec eux et un jour... Il trouva le courage de dire la vérité à sa propre famille.

Ils étaient à table, face à la tarte aux fraises de Grace quand il inspira profondément.

"Maman... Papa... Tout le monde... Je... J’aimerais vous dire quelque chose..."

Quatorze ans, bientôt quinze et l’espoir dingue que ses parents seraient comme ceux de Cyriel, que ce moment qu’il redoutait tant ne serait pas aussi terrible qu’il l’imaginait.

"On t’écoute, chéri..." Invita Grace

[color=lightseagreen]"Je... Vous savez que je vous aime tous ?"
"Bien sûr Fils, nous aussi on t’aime, ta mère et moi sommes très fier de toi, très fier de vous tous."

Il était un adolescent modèle, de bonne note, serviable, actif à l’Église et dans la communauté... Oui, il n’avait jamais rien fait de travers. Il avait toujours écouté ses parents…

"Je... Ca fait longtemps que je le sais... Je... Je suis né comme ça..." Il essayait de répéter les phrases qu’il avait lui-même répété avec Cyriel quelques heures plus tôt, ce dernier, c’était proposé à être présent (s’inviter les uns et les autres à dîner n’avait rien de surprenant dans le quartier). Mais Kaoru avait tenu à faire ça seul, à présent, il regrettait un peu.

"Je suis amoureux... De quelqu’un..."
"Oh ? Vraiment ?”

Les parents étaient compréhensifs, même s’ils éduquaient leur enfant à ce ne pas avoir de rapport charnel précipité, ils étaient relativement modernes et comprenaient qu’il fallait que jeunesse se fasse. Ils étaient passés par là. Ils apprenaient à leur enfant l’importance de l’amour, de la fidélité, que ce n’était pas un sentiment à prendre à la légère et qu’il était important de choisir la bonne personne. Eux s’étaient connus au lycée et c’était jamais quitté depuis.

"C’est qui ?" Demanda sa plus jeune sœur en gloussant
"Une jeune fille de notre paroisse ?"

Le terme jeune fille le crispa un peu, Cyriel l’avait prévenu, par réflexe, ils penseraient à une fille plutôt qu’un garçon.

"C’est..." Il jeta un coup d’œil à ses deux frères avant de détourner le regard et de fixer sa part de tarte à moitié entamée. "Cyriel..."

"Cyriel ?! Mais c’est."

La voix de sa seconde sœur se coupa net en prenant conscience de ce qu’elle s’apprêtait à dire. Un lourd silence s'abattit autour de la table alors que chacun avalait la nouvelle. Ce fut le plus grand des frères qui parla le premier :

"Tu es…..."
"Gay" termina pour lui l’adolescent et cela le soulagea étonnamment de pouvoir, pour la première fois de sa vie, le dire à voix haute…

Chaque enfant se retrouvait alors perdu, incapable de savoir comment réagir et tous posèrent leurs yeux sur leur père et leur mère en attendant leur réaction pour se calquer sur la leur. Il n’y avait que Kaoru qui continuait de fixer sa part de tarte avec appréhension, il avait l’impression que son cœur allait exploser alors qu’il attendait lui aussi la réaction la plus importante. Il entendit une chaise être tiré, des pas s’approcher de lui et senti la main de sa mère se poser sur son épaule avant de recevoir un baiser sur le haut de sa tête.

"Ce n’est pas grave" Murmura-t-elle "Maman et papa t’aiment... On sera toujours là pour toi..."

Assura-t-elle et dans ces mots... Il sentit un poids quitter son cœur. Il leva les yeux vers sa mère, elle lui souriait avec tendresse et il osa enfin un regard vers son père. Son visage restait plus neutre, mais il ne semblait pas en colère... Non... Il avait l’impression de lire de l’inquiétude sur ses traits. Il sentait que quelque chose n’allait pas et pourtant, il préféra ignorer son instinct, il n’y avait pas de cri, pas de larmes, elle venait de lui assurer qu’ils l’aimaient et seraient toujours là pour lui, et c’était au fond tout ce qui importait.
Même ses frères et ses soeurs n’osaient pas prononcer le moindre mot, ce qui aurait probablement dû lui mettre la puce à l’oreille, mais non, il préférait s’accrocher à cette image douce et réconfortante de sa mère, à son sourire, son regard tendre.

Le lendemain matin, il s’apprêtait à partir en cours avec ses frères et soeur quand son père l’appela.

"Tu ne vas pas en cours aujourd’hui Gabriel"
"Quoi ? Mais pourquoi ?"

Même ses frères et soeurs s’étaient arrêter en chemin pour interroger du regard leur père sans vraiment comprendre. Un ordre du paternel suffit pourtant à faire en sorte que la fratrie s’en aille en laissant derrière elle l’adolescent.

"J’aimerais discuter avec toi..."

Il pouvait comprendre au fond, il avait annoncé à ses parents son homosexualité, même s’ils avaient réagi calmement, il était légitime de vouloir malgré tout en discuter sans le regard des autres membres de la famille. Son père se leva, alla jusqu’à la voiture et invita son fils à le rejoindre. Il mit le moteur en route, et ils s’éloignèrent de la maison. De la ville ensuite…

"Je voulais te féliciter pour le courage que tu as eu hier soir..."
"Oh... Euh... Merci papa..." Il observa le paysage et la route qui défilait "Nous allons où ?"
"Cela n’a pas dû être facile pour toi de vivre avec ça sur le cœur... De gérer ça seul... Je suis sincèrement désolé que tu aies eut à le faire seul..."
"Non-non, ne t’excuse pas, si j’avais su que vous ne seriez pas en colère... Je vous l’aurais dit plus tôt... J’ai eu peur pour rien... C’est moi qui devrais m’excuser."
"Non... Vraiment... Tu t’es retrouvé face à quelque chose que tu ne comprenais pas...Et tu as cherché à le comprendre..."
"C’est vrai... J’ai souvent prié au début... Pour que notre seigneur me change...."

Son père eut un sourire... Rassuré.

"Et il t’a entendu..." Murmura-t-il alors qu’ils s’éloignaient encore de la ville... Son père commença alors à le questionner sur le moment où il avait découvert cela et Kaoru lui raconta…

Il lui raconta pour Steven... Sa peur, ses craintes, ses prières interminables et puis, il lui raconta pour Cyriel... Et ce que Cyriel avait fait pour lui, ce que les parents de Cyriel avaient fait pour lui et c’est là qu’il remarqua alors les mains bien trop crispé sur le volant, commençant à faire sonner une alarme en lui.

"Ca va papa ?"
"Oui oui fils...Ne t’inquiète pas...C’est juste que...J’aurais préféré que tu vienne nous en parler en premier lieu."
"Oh...Je...Comprends...Pardon"

Un long silence s’engouffra dans l'habitacle du véhicule alors qu’ils s’éloignaient un peu plus encore jusqu’à rejoindre des routes de campagne. Kaoru avait senti qu’il avait blessé son père et à présent, il n’osait plus vraiment prendre la parole, mais en se rendant compte du temps qu’ils avaient passé sur la route et qu’ils passaient encore, il prit conscience que son père ne lui avait jamais dit où ils allaient.

"Où on va papa ?"
"Chez des amis"

Assura-t-il d’un ton qui laissait sous-entendre qu’il ne voulait pas d’autre question. Plus le temps passait et plus Kaoru se sentait nerveux. Quelque chose clochait, il en était certain à présent. Ses mains devenaient moites et il ne cessa de tripoter le bord de sa chemise alors qu’il ignorait complètement où il se trouvait et où il allait. Ils finirent par rejoindre ce qui ressemblait à une très grand ferme…

La promesse de Dieu…

Ces mots étaient gravé sur le bois de l’arche qui servait d’entrer. On les attendait, un autre homme et une autre femme.

"Papa ?"
"Ne t’inquiète pas...Je ne te veux pas...Ce n’est pas de ta faute, tu es trop jeune pour surmonter cette épreuve de Dieu seul...Ta mère et moi, on a entendu ton appel. Ces personnes sont là pour t’aider."

Son cœur s’arrêta alors que son père quittait la voiture, il resta figé. Où était-il ? Avait-il vraiment entendu ce qu’il venait d’entendre ? Tout se mélangeait dans sa tête. Il voyait son père saluer les deux personnes, ouvrir le coffre de la voiture pour en sortir deux valises et qu’il déposa avant d’ouvrir sa portière.

"Allez Gabriel... Viens saluer mes amis. Lydia et Rick"

Il sortit de sa torpeur et c’est plus par automatisme qu’il quitta la voiture, saluant poliment les deux personnes qui ne manquèrent pas de lui dire qu’ils étaient heureux de faire sa rencontre, qu’ils allaient l’aider et que tout irait bien. Il se tourna vers son père en comprenant petit à petit ce qui allait se passer.

"Papa...Ne fais pas ça..." Murmura-t-il

Son père le regarda avant de le prendre dans ses bras.

"N’aie plus peur mon garçon, ils vont t’aider, écoute les, fait ce qu’ils te disent, tout ira bien...Je te le promets."
"Je veux rentrer à la maison..."
"Tu rentreras...Quand tu seras guéri...Tu es malade Gabriel et tu as besoin de soins spécifique que ta mère et moi, nous ne pouvons pas te fournir, tu avais besoin d’aide et c’est pas grave, nous aussi nous avons besoin d’aide. Lydia et Rick sont là pour ça..."

Il prit le visage de son fils entre ses mains et planta son regard acier dans les yeux en amande de son garçon.

"Dieu t’aime...Nous t’aimons...Et nous allons t’aider..."
"Mais Cyriel..."
"Cyriel est malade lui aussi et ses parents n’en ont aucune conscience...C’est le malin qui l’a placé sur ta route pour t’éloigner du Seigneur, tu comprends ? Mais tu as trouvé le courage de nous en parler et tu as fait le premier pas pour revenir vers notre Seigneur, sois-en fier mon garçon...Nous pouvons t’aider, nous allons t’aider...On t’aime, on ne te laissera pas tomber..."
"Papa..."

Les mots lui manquaient et la peur le rendait incapable de parler alors qu’il prenait conscience que depuis le départ ses parents ne l’avaient pas accepter. Semant le doute en lui, était-il réellement malade au fond ? Cyriel se serait-il tromper ? Il resta tellement inerte qu’au final il fut facile pour Ryan de quitter les lieux en laissant son plus jeune fils entre les mains de Lydia et Rick.

De cette période dans ce camp, Kaoru en garde autant de cauchemars qu’une certaine forme d’espoir aussi. Il vivait avec d’autres adolescents, et au départ, il eut réellement envie de suivre ce qu’on lui disait. Certaines choses lui faisaient pourtant tilter, comme l'interprétation erronée des textes de la bible. Parce qu’ils avaient déjà eu ces conversations avec Cyriel et les parents de ce dernier, il lui était difficile d’oublier les conseils et les contre-argument qu’on lui avait donné pour lui assurer que la bible était loin de condamner l’homosexualité.
Il fit l’erreur plusieurs fois de faire part de son avis et la punition n’en était que plus horrible. Coup, humiliation, on tentait de le briser un peu plus à chaque fois, mais quelque part son esprit ne cessait de s’accrocher à Cyriel et ses mots. Oscillant entre des moments de profonde haine de soi et d’instant de lucidité où il se disait que c’était ce camp qui était une horreur et non lui, les mois qui suivirent furent les plus durs. Il comprit pourtant comment obtenir certaine faveur, suivant les ordres, se conformant à ce qu’on attendait de lui jusqu’à ce qu’ils obtiennent le graal: un coup de fil.

C’est à la maison qu’il appela…

"Allo ?"
"Maman ? C’est moi...Gaby"
"Oh mon chéri... Je suis heureuse de t’entendre, comment tu vas ?"
"Maman... Vient me chercher..."
"Gabriel...Tu sais que je ne peux pas, le camps nous appellera quand ils jugeront que tu es guéri..."
"Mais...Je ne suis pas malade...Ici...Ils font des choses horribles, maman, s’il te plait, c’est pas un bon endroit"

Il entendit son père en fond, sa mère lui répondre, et le combinet changer de main.

"Gabriel, il faut que tu sois un homme"
"Mais papa"
“ARRÊTE DE PLEURER ! LES HOMMES NE PLEURENT PAS !"

Son père était sévère, mais l’entendre crier était rare et cela le surpris

"Tu veux revenir ? Alors tu dois guérir ! Tu ne peux pas revenir à la maison tant que ta déviance sera là ! Pense à tes frères et tes sœurs, pense à ta famille ! À notre image ! Après tout ce qu’on a fait pour toi ! Tu pourrais nous être reconnaissant."

Et c’est là qu’il entendit sa mère pleurnicher en arrière-plan

"Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça ? Si seulement nous avions pu le voir à la naissance... Nous aurions pu adopter un autre enfant..."

Des paroles qui le blessèrent à jamais.

“Tu es content de toi ?! Tu as fait pleurer ta mère ! Tu sais que ces appels sont précieux ? Gabriel ! Remets-toi au seigneur, il t’aidera, cesse de lutter ! Tu ne peux pas y arriver seul ! Quand tu comprendra ça, quand tu seras guéri, tu pourras revenir et nous t’accueilleront à bras ouvert"

Il entendit le bip caractéristique de la fin d’une conversation téléphonique et tout ce qu’il retenait, c’était cette douleur qu’il connaissait que trop bien. Il avait été abandonné, encore une fois. Était-ce pour cette raison que sa mère biologique l’avait abandonné à la naissance ? Peut-être qu’elle, elle avait vu le monstre qu’il était ? La solitude le submergea et alors qu’il s’apprêtait à appeler Cyriel, Rick apparu.

"Gabriel, dans mon bureau, tout de suite"

Il ignorait que les conversations téléphoniques étaient écouté alors le fait qu’il ait tenté de raconter à sa mère les horreurs qu’on lui faisait subir ici...Cela lui coûta très cher.

L’avantage d’être un camp de reconversion, c’est que vous étiez entouré de personne comme vous et Kaoru eut la chance d’avoir dans son groupe, deux autres adolescents qui semblaient se montrer beaucoup plus coriace face à la thérapie. Adam était son compagnon de chambrer et ils avaient fini par être ami, il partagea avec lui son appel téléphonique, les conséquences et dans un besoin intense d’être accepté et de ne pas se sentir aussi seul, Adam lui apporta le soutien que ses parents ne lui avaient pas donner.
Rêvant alors de fuite, de départ. Mais pour ça, ils n'avaient pas le choix, ils allaient réellement devoir jouer le jeu. C’était le meilleur moyen d’éviter les punitions, le meilleur moyen d’obtenir des avantages aussi. Passant leur temps à mentir pour pouvoir survivre, il y avait des hauts et des bas, parfois Adam craquait, parfois lui, parfois leur amie Laura, mais il y avait toujours l’un d’eux pour rappeler à l’autre que les monstres ce n’étaient pas eux trois, mais ce camp.

Depuis quand Dieu invitait à la torture morale et physique ?
Pouvait-on parler d’amour de dieu quand on passait son temps à nourrir la haine ?

Petit à petit, une autre croyance faisait son chemin dans l’esprit de ses enfants, il n’y avait pas de dieu…

Jouant le jeu pourtant, ils eurent accès à des sorties particulièrement surveillées, mais l’une d’elle permit pourtant à Gabriel d’appeler Cyriel.

"Allo ?"
"Madame Lawson ? C’est Gabriel" se dépêcha-t-il de dire "Je peux parler à Cyriel ?"
"Gabriel ?!"

Il entendit Cyriel derrière se dépêcher, arracher le téléphone des mains de sa mère.

"Gaby ! Tu vas bien ? Je me suis tellement inquiété, tu as disparu du jour au lendemain...Et...Tes frères...Enfin..." Il lui cachait quelque chose, Kaoru en était certain, mais il n’avait pas le temps pour ça, il savait qu’il pouvait être pris la main dans le sac à n’importe quel moment.

"Je suis tellement contente de t’entendre."
"Moi aussi... Tu es où ?"
"Je sais pas...Je...Je suis dans un camps qui s’appelle La Promesse de Dieu...c’est...C’est un cauchemar Cyriel..."
"Un camp ?"
"Ils nous apprennent à quel point c’est mal ce que ne nous faisons..."
"Gaby... On a..."
"Je sais...Je n'ai pas oublié, je n'oublie pas, j’essaie de ne pas oublier... C’est difficile parfois... Tu me manques..."
"Tu me manques aussi... Je savais qu’un truc moche était arrivé...Je n'y croyais pas une seconde à cette histoire de mère biologique qui est revenu..."
"Quoi ?"
"C’est ce que ta famille raconte, que ta mère est revenue que tu as dû repartir au japon...Qu’ils sont en train de se battre pour te récupérer, mais que ça prend du temps..."

Il entendit la voix de Rick l’appeler.

"Cyriel, je dois y aller... Je suis désolé..."
"Non ! Attends !"
"Je ne peux pas, ils vont me voir, je te rappelle dès que je peux !"

Il raccrocha et réapparue. Le regard soupçonneux de Rick se posa sur lui, mais il n’avait pas été vu et lorsqu’il lui demanda ce qui avait prit beaucoup de temps, Kaoru fit ce que le camps avait fini par lui apprendre: mentir.

"Je...J’ai bouché les toilettes sans le faire exprès" dit-il gêné "je ne voulais pas... Laisser ça comme ça..."

Rick eut un rire devant la gêne de l’adolescent, oubliant ses soupçons rapidement.

À partir de ce jour, Gabriel profita de chaque sortie où il lui était possible d’avoir un accès téléphonique pour appeler Cyriel, les parents de ce dernier ne pouvaient hélas rien faire. Ce que les parents de Kaoru avaient fait n’avait au final rien d’illégal. Alors rapidement, les courtes conversations qu’ils eurent ensemble furent pour élaborer un moyen de fuir. Cyriel lui promettait de venir le chercher, mais pour ça, il devait en savoir plus.

Et le jour J arriva. Sans sac, sans rien, Cyriel déboula un soir en voiture et Laura, Adam et lui s’enfuir avec ce dernier.
Ils déposèrent Adam et Laura à la gare la plus proche, laissant de l’argent pour un train. Les amis se séparant là avant de reprendre la route.

"Où on va ?"
"Je te ramène à la maison, mes parents vont nous aider" promit-il "tu pourras te cacher un temps" loin de se douter à quel point ce plan était aussi naïf qu’idiot.

"Cyriel... Je suis désolé d’avoir disparu..."
"Ne t’inquiète pas, ce n'est pas de ta faute. J’ai compris qu’un truc clochait le lendemain quand tes frères m’ont gentiment refait le visage."
"Quoi ?!"
"Ce n'est pas grave, la colère est une réponse classique face à quelque chose qu’on ne comprend pas. Je ne leur en veux pas, j’en veux à personne... Et après ça, ils ont jamais recommencé, probablement parce que cela éveillerait trop de soupçons... Et parce que tes parents tiennent à leur image de famille parfaite."
"Je suis tellement désolé."

Prenant la pleine mesure du cauchemar qu’avait dû endurer Cyriel à son tour, il ne put retenir ses larmes plus longtemps. Devant le désarroi de son petit ami, l’adolescent de presque dix-huit ans maintenant fini par garer sa voiture à l’abri des regards. Il faisait nuit, ils avaient de la route à faire, mais il refusait de conduire en ignorant simplement Gabriel. Il prit ses bras, embrassa celle-ci.

"C’est terminé... Ca ira mieux bientôt... Je suis là, je vais t’aider..." Il posa une main sur le visage et écarta une mèche de ses cheveux "Je t’abandonnerai pas" promit-il et ces mots eurent l’effet d’une décharge pour Gabriel qui vint plaquer ses lèvres contre celle de son petit ami.

Leur relation avait été de courte durée avant qu’il ne soit envoyer dans ce camp, elle ne s’était arrêté qu’à des baisers, parfois des caresses mutuelles, mais ils n’avaient jamais véritable consommer quoi que ce soit aux sens stricts du terme, mais après avoir vécu ce qu’il avait vécu, Kaoru ressentait le besoin de se connecter à quelqu’un. Il s’était tant senti abandonné par les personnes qu’il aimait le plus au monde que de découvrir que Cyriel ne l’avait jamais oublié, l’avait aidé et lui promettait de ne pas l’abandonner lui fit pousser des ailes et augmenta l’amour qu’il lui portait.

"Gaby attend...T’es...Tu es sûr de toi ?"
"Je t’aime."

C’était la première fois qu’il le disait, et cela le bloqua un instant leur geste alors que l’une et l’autre se regardait. Cyriel eut un petit sourire, les yeux brillant d’émotion.

"Je t’aime aussi."

Murmura-t-il avant de replonger sur ses lèvres, s’offrant l’un à l’autre pour leur première union charnelle, la voiture n’avait rien de pratique, être en cavale n’avait rien de romantique et pourtant, de ce soir-là, Kaoru ne changerait rien. Au fond, il avait exactement suivi les enseignements de ses parents, l’amour s’offrait à quelqu’un de très spécial et Cyriel l’était.

Ce n’est que le lendemain matin que Cyriel garait sa voiture chez lui, prenant des précautions pour ne pas être vu, Kaoru était cacher dans l’espace pour les pieds dès l’instant où ils étaient entré en ville. Son petit ami prenait les devant, vérifiant que tout était sans danger avant d’inviter Kaoru à faire la route jusque chez lui pour se cacher. Dans la chambre de l’adolescent, ils vécurent et consommèrent à nouveau leur idylle et le plaisir des retrouvailles jusqu’au retour des parents de son petit ami.

Le mensonge ne faisait pas partie de leur habitude alors caché, Kaoru était impossible. L’adolescent partagea tout ce qu’il avait vécu au camp de La Promesse de Dieu, donnant toutes les cartes pour les parents de Cyriel, mais les choses étaient bien plus complexe qu’on ne pouvait le penser. Kaoru était encore mineure, ce qui signifiait qu’ils étaient tous complice d’un kidnapping aux yeux de la loi. Le jeune homme paniquait à l’idée qu’à cause de lui, Cyriel finisse en prison.

Bien évidemment, la nouvelle de sa disparition au camp avait été rapidement donner à ses parents et le lendemain, lorsque Cyriel revint de cours pour ne pas être soupçonné de quoi que ce soit, il revint blessé. La lèvre fendue, un coquart et des hématome le long de son flanc. Ses frères avaient directement soupçonné le jeune homme et avaient essayer de soutirer des réponses de ce dernier. Une situation que Kaoru eu du mal à accepter et à gérer, il ne pouvait pas retourner chez lui en sachant que ses parents le renverraient là-bas, mais pouvait-il réellement continuer à rester cacher chez les parents de Cyriel ? Avec tous les risques que cela comportait pour eux ?

Ce fut lorsqu’il vit la police débarquer et qu’il dut se cacher dans un placard qu’il prit la décision que cela ne valait pas le coup de briser la famille et la vie de Cyriel pour lui-même. Il l’aimait, plus que quiconque, et même si les parents de ce dernier lui assuraient qu’il cherchait une solution pour que tout se finisse bien, Kaoru n’avait pas la patience d’attendre et de prendre le risque que Cyriel soit envoyer en prison.
Il profita de son absence pour lui écrire une longue lettre, lui déclarant tout son amour, toute la gratitude qu’il avait pour lui et ses parents, lui avouant ses peurs et ses craintes, il ne pourrait jamais se pardonner si quelque chose devait lui arriver par sa faute. Il l’aimait, l’aimait trop, l’aimait tellement, l’aimait assez pour partir.

Et il partit en emportant avec lui la guitare de Cyriel...

Il quitta rapidement le New Jersey, il restait rarement en place, découvrant la difficulté que de vivre dehors... À la rue... Découvrant ce que c’était que de réellement avoir faim, de ne pas pouvoir se laver plusieurs semaines, de ne pas avoir de vêtement. La guitare et sa musique lui permettaient de parfois avoir un repas, parfois juste un café pour se tenir chaud. Les années passaient et il changea littéralement d’identité. Laissant sa vie d’avant derrière lui, se baptisant lui même Kaoru Kishiro en se disant que s’il devait percer un jour dans la musique, ce nom-là claquerait autrement plus que Gabriel Petterson. Vivant dans le milieu underground, allant de squat en squat, jouant dans des bars parfois pour un repas ou même une douche. Vivant de petit boulot, Kaoru ne se démonta pas.

De cette période, il en garde un relatif bon souvenir, car il était libre, libre d’être qui il voulait. Ce n’était pas facile et il ne souhaitait cette vie à personne, mais il ne peut pas la renier et pour lui, c’était une belle période au final.

C’est dans un bar qu’il fit une nouvelle rencontre déterminante dans sa vie.

"T’as pas vingt et un an gamin, je te servirai pas ta bière"
"Putain, mais tu ne sais pas compter ?" Dit-il en brandissant sa pièce d’identité !
"Si...Et je suis pas bigleux, tu crois que t’es le premier gamin à venir ici avec une putain de fausse carte d’identité ? Estime toi heureux que je te fous pas dehors ! Prends un soda et fait pas chier"
"Ok ok j’ai vingt ans ! Mais tu vas pas quand même pas faire le chien pour seulement un an ?"

Il s’énerva, mais n’insista pas au final, l’hiver était là et il faisait bien trop froid pour lui et sa guitare dehors. Le bar était un bon moyen de se réchauffer, comme l’alcool lorsqu’il avait de l’argent. Alors non, il n’allait pas risquer d’être foutu dehors. C’est en râlant qu’il s’installa dans un coin jusqu’à ce qu’une pinte soit posé devant lui.

"Tiens, je me suis dit que ça te ferait du bien, une petite mousse, dit-il avec un sourire. Il est un peu chien sur l'âge alors qu'il y a pas de raison."

Il observa la bière, l'homme qui la tendait ensuite. Face à lui, un homme visiblement plus âgé que lui. Il pouvait lui reconnaître un certain charme ou plutôt, une aura, un charisme.

"Ow ! Merci sérieux !" Il fouilla dans ses poches avec son énergie habituel, son sourire fixé sur ses lèvres. Il lui tendit un billet pour payer sa propre bière "C'est l'histoire de ma vie de toute façon, avec ma gueule on me demande toujours ma pièce d'identité"

L’homme se mit à rire en voyant le jeune homme fouiller dans ses poches et l'arrêta d'un geste.

"Arrête, c'est bon ça me fait plaisir t'as pas besoin de payer," lui assura-t-il en s'asseyant pas loin. "Faut avouer que tu fais jeune et que t'es mignon alors ça doit pas aider," plaisanta-t-il.

Il rigola à son tour, une bière gratos il allait pas refuser. Au compliment, le jeune homme ne put s'empêcher de rougir bien qu'il ne s'en cacha pas vraiment.

"C'est le côté exotique, ça vous plaît à vous les occidentaux !" Plaisanta-t-il à son tour. Il bougea légèrement sa guitare pour éviter qu'elle ne gêne le passage "Bon et bien merci."

"On va dire que c'est l'exotisme ouais !"

Sid rit un moment, observant son vis-à-vis pour le détailler légèrement. Il n'était pas vraiment discret, mais il ne cherchait pas à l'être non plus. Après une gorgée de bière, il se rendit compte qu'il ne s'était même pas présenté.

"Au fait moi c'est Sid," dit-il toujours souriant, content d'avoir trouvé quelqu'un avec qui discuter un peu. Il remarqua la guitare. "Oh, mais... Tu joues ? Ça doit drôlement marcher avec les filles."

Il leva les yeux au ciel, exagérant un peu son attitude avant de boire une longue gorgée de cette bière gratuite.

"Enchanté Sid, moi c’est Kaoru, et même si ça fonctionne avec les filles, je suis pas branché par les nanas" dit-il en toute honnêteté, il n’avait pas vécu tout ça pour ne pas assumer qui il était aujourd’hui. "Mais ça paie les repas, parfois un hôtel"

"Eh ben ça, c'est ce qui s'appelle être franc dis donc", trouva-t-il simplement à dire. "Tu...Tu bourlingues un peu du coup ? Genre joué et dormir où tu peux ? C'est pas facile..." Une légère ombre passa dans le regard de Sid, une ombre que Kaoru remarqua, presque certain que ça faisait écho à Sid.

Il haussa les épaules, souriant de plus belle.

"C’est pas facile tous les jours, mais on fait de belle rencontre et puis cette liberté n’a pas de prix !" Dit-il joyeusement en le regardant. Cherchant alors à trouver un moyen d’effacer l’ombre des yeux de l’homme. "Sid...Comme Sid Vicious ? Putain, je sais que ça fait très fanboy de dire ça, mais j’adore les Sex Pistols ! Même si très clairement, c’est l’image typique du groupe qui se fait bouffer par son propre label, un paradoxe pour un groupe punk !"

"En fait, c'est Sid pour éviter qu'on m'appelle Sidney...Avoir un prénom qui sonne féminin c'est pas évident, surtout vu là d'où je viens, " dit-il en haussant légèrement les épaules, mais vraiment ravi d'entendre parler des Sex Pistols, groupe qu'il avait toujours adoré. "Mais c'est cool quelqu'un qui aime encore ce groupe ! Mes potes musiciens sont pas très branchés punk, alors bon." Il pointa la guitare d'un geste rapide. "Qu'est-ce que tu joues en général ? Tu me joues un petit morceau ?"

"Sidney ? Même avec ce prénom, je serai loin de te confondre avec une fille !" dit-il en laissant son regard juger du physique plutôt virile de l’homme. "Dommage pour tes potes, ils savent pas qu’ils ratent"

Il but à nouveau quelques gorgées avant de regarder sa guitare.

"Je compose des trucs... Je préfère... Mais je t’avoue que parfois pour gagner sa croûte faut bien jouer des grands classiques ! Je veux bien te jouer un morceau mais c’est moi qui choisis !"

Dit il en attrapant la guitare acoustique, le nom de Cyriel y était gravé sur la courbe haute de celle-ci. Il s’éloigna un peu de la table pour l’occasion, restant installé sur le tabouret, il aimait bouger et savait que ça allait gêner. Un clin d’oeil et un sourire malicieux plus tard, il se mit à jouer le morceau qui lui rapportait souvent de quoi s’offrir au moins un repas par jour.


Sidney baissa un peu la tête, presque gêné par les regards que lui lançait le jeune homme, pas bien certain d'assumer ce qu'ils pouvaient vouloir dire. Il était cependant aux anges qu'il accepte de lui jouer quelque chose. Les Sons of Baal, son groupe de death metal, n'avaient pas vraiment de guitariste et il se contentait de gratter sans trop savoir ce qu'il faisait pour tâcher de sortir des chansons correctes... Alors si ce jeune homme jouait bien et qu'il acceptait...

"Vas-y, joue moi ce que tu veux, j'ai hâte d'entendre ça !" s'exclama-t-il tout content avant de replonger les lèvres dans son verre.

Ce gamin était doué, bien plus que lui, ou que les autres guitaristes qu'il avait déjà vus jusqu'à présent. Il attendit la fin du morceau avant d'applaudir un peu.

"T'es super doué ! Je suis impressionné, sans déconner." Il se tut un instant, une expression pensive sur le visage avant de reprendre. "Je sais que...Bah on se connaît pas ni rien, mais avec mes potes, on a un groupe et on a pas vraiment de guitariste...On ne peut pas te payer, mais on peut te loger si tu crains pas les petits espaces surpeuplés de fan de métal."

"Sérieux ? Un appart ?" Ca faisait des années qu’il passait de squat en squat, il lui était arrivé d’avoir des moments où il ne bougeait pas trop, mais il n’avait jamais eu de quoi s’offrir la location d’un appartement sur le long terme. "Tu vois ! Bourlinguer ça fait rencontrer des gens !"

Son éternel optimisme ressortant.

"Je signe où ?"

L'enthousiasme de Kaoru faisait vraiment plaisir à voir, Sid n'en revenait pas qu'un gars dans sa situation puisse sourire autant et sembler si bien dans sa peau.

"On finit notre bière et je peux t'emmener pour te présenter aux autres. On est trois dans un trente mètres, alors c'est un peu étroit, mais ça va le faire, je suis sûr !"
"Bien sûr que ça va le faire ! Je peux dormir assis s’il le faut !"
"Super ! Tu vas voir, les autres sont sympas."

C’est ainsi qu’il fit la connaissance du reste du groupe et que la carrière musicale de Kaoru prit un véritable tournant. Pour cela, il ne remerciera jamais assez Sid.

Cette période charnière de sa vie, meilleure souvenir, les concerts, la musique, les copains... Tout était parfait.

Ce concert-là, il s’en souvint comme si c’était hier, il avait tout donner, il savait qu’il dénotait avec le groupe, mais c’était au final ce qui plaisait, une touche en plus peut-être ? Ou le côté un peu mascotte de Kaoru, personne n'avait jamais cherché à le brider même s'il était parfois difficile de le contrôler et pour ça, il se sentait plus encore à sa place avec ce groupe.. Après un concert, le jeune homme ne tenait plus du tout en place, c’était peut-être pour ça que le bassiste et le batteur avait décidé de passer le reste de la soirée ailleurs pour ne pas avoir à gérer le trop-plein d’énergie de leur guitariste.
Le concert s'était terminé et l'adrénaline et le feu du show coulaient encore dans les veines de Sid, qui était encore un peu surexcité. Ni une ni deux, il se rendit au bar pour commander une tournée de shots pour les deux membres qui avaient décidé de rester là après leur concert : Kaoru et lui.

"Pfiou ! C'était dément ce soir, tu trouves pas ?" s'exclama-t-il en se tournant vers Kao, tâchant de couvrir un peu le bruit qui régnait dans le bar.

"Dément ? Tu veux rire que c’était complètement dingue ! PUTAIN ! J’adore ça ! Sentir l’énergie du public, c’est grisant de les voir reprendre les paroles après toi !"

Il prit le shot et se l’envoya d’une traite, réclamant déjà le petit frère.

"Ce concert était parfait ! Tu étais parfait !”

Imitant le guitariste, il vida le verre et fit immédiatement signe au barman de les remplir à nouveau. Il avait la pêche et son seul moyen de calmer un peu ça et de se lâcher sans être sur scène, c'était de se mettre un peu d'alcool dans le sang. Comme d'habitude, Kao était presque bondissant.

"Mais oui ! J'en reviens pas que des gens connaissent nos paroles !" Non décidément, il n'arrivait pas vraiment à croire que des fans puissent les connaître, chanter les paroles, c'était fou.

Le deuxième shot subit le même sort que le premier, alors que Sid commençait à bouger en rythme avec la musique qui s'était mise à passer dans le fond du bar, sûrement provenant d'un juke-box vu que la scène était libre.

"Moi parfait ?" Il rit aux éclats à cette pensée. "Non j'étais pas parfait, des fois, on dirait une marionnette avec un balai dans le cul quand je bouge, ça fait peur !" plaisanta-t-il pour cacher l'once de vérité qui se trouvait pourtant dans sa blague, il avait parfois du mal à bouger au début du concert, encore mal à l'aise de se retrouver devant tant de gens.

"T’as un putain de charisme sur scène Sid ! Plus personne fait gaffe à ta façon de bouger dès le moment où tu chante !" Lui assura-t-il en vidant déjà son second verre. "Même moi, je dois me concentrer pour ne pas faire de fausse note à cause de ce truc que tu dégages !"

Si Sid était encore timide de bouger son corps au son de la musique qui se jouait en fond sonore, Kaoru lui se déhanchait déjà bien.

"Putain j’ai besoin de bouger..."

Bien qu’en réalité, Kao avait toujours besoin de bouger, il ne tenait que très rarement en place, en fait, les seuls fois où il tenait en place  c'est quand il acceptait de dormir (car même là il était compliqué, Kaoru craignait tant les cauchemars qu’il s’épuisait toujours à force de s’empêcher de dormir).

"Nan arrête !" s'exclama Sidney en chassant de la main l'idée même qu'il puisse être charismatique ou quoi que ce soit de ce que disait Kao. Il était juste un bon chanteur, capable de tenir son chant guttural plutôt bien et sans s'épuiser au bout d'une demi-heure. Mais de là à dire qu'il avait du charisme quand il était sur scène...

En voyant le guitariste bouger franchement, le chanteur suivit le mouvement et se déhancha un peu plus, commençant à se lâcher et à expulser le trop-plein d'énergie qu'il lui restait. Ses yeux ne pouvaient s'empêcher de se poser sur leur mascotte adorée, et ses jolies courbes qui bougeaient en rythme.

Le guitariste commanda d’autres verres pour eux deux, prenant un verre pour lui et tendant l’autre à Sid.

"Je n’arrêterai jamais" Dit-il, il avait beau avoir le mensonge, notamment sur son passé, racontant des histoires toujours différentes sur d’où il venait et son histoire en général, il n’en restait pas moins que là, il était on ne peut plus sincère.

Kaoru avait remarqué les regards, ce n’étaient pas les premiers et il espérait que ce ne seraient pas les derniers, mais il n’avait jamais osé tenter quoi que ce soit de plus que quelques allusions. Il n’avait jamais prit le rôle de celui qui draguait, mais là, sous son regard, l’adrénaline coulant dans ses veines, il manquait de patience. Il se rapprocha, se penchant vers son oreille pour être certain d’être entendu, mais que seul Sid puisse l’entendre.

"Tu es terriblement sexy sur scène Sid...Et ce ne sont pas les nanas qui t’attendent toujours dehors après un concert qui diront le contraire."

Sid se figea, avalant son verre difficilement. Il frémit en sentant les lèvres de Kao tout proche de son oreille, l'effleurant presque, et il eut du mal à retenir ses mains d'aller attraper le corps si séduisant du guitariste. Il chercha les yeux de Kao pour y plonger son regard, cherchant à savoir ce qu'il pouvait oser ou non.

"Les filles qui m'attendent ne m'intéressent pas..." murmura-t-il en imitant Kaoru, allant parler doucement à son oreille et rapprochant son corps encore plus, pour sentir cette chaleur qu'il désirait tant.

Le corps de Kaoru réagissait naturellement à cette attraction. Depuis son premier amour, Kaoru avait surtout eu des histoires sans lendemain, jusqu’à ce qu’il soit avec le groupe, ces histoires, c’était raréfié jusqu’ à ce qu’il arrête simplement de chercher la compagnie d’autre en se rendant compte qu’il souhaitait la compagnie d’une personne en particulier. Plongeant ses iris dans ceux de Sid pour le sonder, il était toujours compliqué de savoir sur quel pied danser face à un homme qui n’était peut-être pas encore prêt à assumer quoi que ce soit au grand public. Il avala un autre verre avant de reposer ses yeux sur lui. Il venait d’admettre que les femmes ne l’intéressaient pas, mais de là à accepter quoi que ce soit en public. Kaoru s'humecta les lèvres, jouant avec son piercing au passage.

Claquant son argent, il demanda carrément une bouteille de whisky au bar. Il n’allait pas prendre le risque de faire quoi que ce soit en public sans la certitude que cela ne gênerait personne, ni Sid, ni le groupe entier en réalité.

"Trop de bruit ici, vient, on va dans les loges !"

Dit-il même si concrètement, les loges du barre ressemblait vachement à un mini salon avec un petit canapé, des bouteilles d’eau et leurs affaires. Mais il l’entraîna à l’arrière de la scène, prenant le temps de sourire pour une photo ou deux en chemin, mais il se pressa rapidement jusqu’à ce qu’ils retrouve le calme de cette petite pièce qu’il ferma derrière. Il fixa Sid, en silence.

"Je ne savais pas si je pouvais t’embrasser en public alors..." Admit-il avec une certaine franchise. Il ne le quitta pas des yeux "Dis moi que je ne m'imagine pas des trucs..."

Il n’aimait pas se sentir vulnérable et en se rendant compte à quel point la situation pouvait lui exploser à la figure, Kaoru redevient en quelque seconde un gamin un peu apeuré. Ses doigts crispés et tremblant autour de la bouteille de whisky.

Il s'était laissé entraîner dans les loges, sans opposer la moindre résistance, sans rien dire quand Kaoru avait acheté une bouteille pleine qu'ils ne boiraient qu'à deux. Parce qu'au fond, c'était ce qu'il voulait, ce qu'il demandait, ce qu'il n'avait jamais osé faire depuis des mois qu'ils se connaissaient. Oh, ce n'était pas une question d'assumer ou non sa sexualité, même si sur ce point, le Texan n'était pas le plus évolué des hommes. C'était simplement que sortir avec un membre de son groupe, ça ne finissait jamais très bien et qu'il ne savait pas ce que les autres en diraient...

Mais il n'était pas question de se poser ce genre de problèmes là tout de suite. Là, tout de suite, il était question de Kaoru qui le fixait dans les loges, en se demandant s'il imaginait ou non des choses. Sidney eut envie de lui répondre qu'il avait bien fait de ne pas l'embrasser en public, au milieu du bar. Mais il ne dit rien, les mots restèrent au fond de sa gorge et il s'élança pour capturer les lèvres du guitariste avec les siennes et attraper sa chemise des deux mains pour le tirer vers lui, collant son corps au sien.

Il n’en fallait guère plus à Kaoru à partir de cet instant pour laisser libre court à ses propres désirs et ses propres envies. Ils devraient probablement en discuter, mais là tout de suite, il n’en avait pas envie. Euphorique de ce concert, euphorique de cet instant, il voulait profiter de son petit nuage tant qu’il était encore là. Répondant à son baiser avec la même passion, il abandonné la bouteille maladroitement sur le canapé lorsqu’il poussa Sid à s’y installer, se posant à califourchon au-dessus de lui.

Kaoru ne laissait pas le temps au chanteur de réfléchir, l’embrassant, le déshabillant, et à moins qu’il ne l’arrête avant leur conversation attendrait qu’ils puissent l’un et l’autre profiter d’une étreinte aussi chaleureuse que l’était son brûlant désir pour cet homme de dix ans son aîné.

Une période un peu plus heureuse dans sa vie, plus encore qu’avec le temps, sa relation avec Sid devint plus que simple membre d’un même groupe.

Il se souvint encore d’un autre soir après un concert, ils avaient géré l’adrénaline post concert en se laissant aller par la passion, à présent, nu contre le sol d’une salle de bain, buvant de l’alcool directement à la bouteille, ils riaient, parlaient du concert.

"T’es intenable sur scène !"
"J’y peux rien, la musique... Ca m’enivre ! Elle me parle, elle me met en transe..."
"T’es juste un gosse hyperactif."

Il éclata de rire et ne put s'empêcher de lui pincer une côte.

"C'est pour te dérider sur scène ! "
"Me dérider sur scène ? Ça me déconcentre surtout ! Te voir t'agiter comme ça.... !"

Sid se mordit la lèvre inférieure avec une mimique particulièrement explicite sur ce qu'il pensait quand il le voyait sur scène à sauter partout.

Kaoru ne pouvait s’empêcher de rire, il y avait quelque chose d’incroyablement bon et grisant de se sentir ouvertement aimer et de pouvoir aimer ouvertement. Un écho de passer fit traverser une ombre dans son regard qu’il chassa rapidement.

"Alors c’est peut-être pour ça que je m’agite... Pour que tu continues de me regarder comme ça..."

Il aurait pu passer l'éternité à caresser sa peau douce et embrasser ses lèvres... Mais alors qu'il plongeait ses yeux dans les siens, il y vit quelque chose qu'il avait déjà vu dans son propre regard, quelques fois. Même le ton de voix du guitariste n'était plus vraiment le même. Sid lui caressa la joue gentiment.

"Hé...? Qu'est-ce qui se passe ? Tu...Regrettes pas ce qui s'est passé hein...?" demanda-t-il inquiet que ça puisse être ça parce que lui, il ne regrettait pas du tout.

"Regretter ?" Il eut un petit rire "Non-bien sûr que non... Au contraire."

Kaoru laissa sa main se déposer sur celle du chanteur.

"Je me disais que c'était réellement agréable de pouvoir être soi-même..."
"Être soi-même...M'en parle pas..."

Le chanteur ne pouvait pas détourner son regard de celui du guitariste, il sentait pour la première fois depuis longtemps que quelqu'un le comprenait vraiment, totalement, sans qu'il ait besoin de dire quoi que ce soit et c'était agréable.

"C'est dur d'être... Soi-même des fois, tu dois comprendre de quoi je parle, même si pour toi, ça a l'air beaucoup plus facile."
"L’air ne fais pas la chanson, tu sais" lui dit-il en caressant doucement son torse. "Je préfère juste me concentrer sur les bonnes choses... Même si parfois le passé nous rattrape" l’alcool aidant à délié les langues. Les cauchemars, il s’en déferait jamais vraiment.

"J'aimerais que mon passé ne me rattrape jamais...Être gay au Texas, c'est... Une épreuve, quand on est un ado..."

Les souvenirs que Sid avait du camp...Non, il n'aimait pas repenser ça et voulait définitivement chasser ces pensées de son esprit. Il était heureux ce soir, heureux avec Kaoru. Et il était hors de question de chasser ce bonheur en pensant à ces horribles images.

"Je sais... Le Texas... Le New Jersey...Quand on est mal entouré c’est toujours une épreuve”

C’était la première fois qu’il mentionnait le New Jersey, jusqu’à présent, les réponses sur son passé se résumait à des histoires toujours différentes, né au japon, rêvant d’Amérique, il s’était barré.... Une autre fois, il était l’unique héritier d’une riche famille qui refusait de le laisser vivre de musique, et il s’était barré...Une autre fois, il était une sorte de mooglie de la jungle urbaine, né à New-York... Les histoires étaient toutes différentes et avec le temps, tout le monde avait juste compris qu’il ne dirait jamais la vérité sur son Passé.

"Aurais-tu par hasard dit quelque chose de ton passé.... ?" Souris gentiment à Sid.

De toutes les histoires que Kaoru avait raconté sur lui, Sid avait toujours compris qu'il n'aimait pas parler de lui et qu'il ne dirait probablement jamais la vérité sur son histoire. Cela dit...Peu de gens connaissaient le passé de Sid alors il comprenait parfaitement.

"Vais-je enfin savoir d'où vient notre mascotte ?" Plaisanta-t-il à nouveau en caressant la joue de son pouce avec douceur.

L'Asiatique ne put s'empêcher de rire en cherchant de quoi rincer son gosier et se noyer un peu plus dans l'ivresse avant de poser sa tête contre le torse de Sid. Il ne racontait rien parce qu'il craignait d'être blessé à nouveau, il craignait d'être à nouveau abandonné comme il craignait qu'on le prenne en pitié et l'air de rien, il avait toujours cette peur que ses parents adoptifs le retrouveraient et le ramènerait à La Promesse de Dieu.

"Je viens peut-être de te mentir" plaisanta-t-il pour alléger l'atmosphère. "Techniquement...Je viens du japon" dit-il avec un sourire "ce détail a toujours été vrai, mais...J'avoue que je n'y ai pas vécu assez longtemps pour en avoir le moindre souvenir" même s'il avait couvert son corps de tatouage japonais.
Sid passa un bras autour des épaules de Kao, gentiment, sentant bien que quelque chose lui tournait dans la tête. Il savait que c'était dur de parler, d'avouer des choses qu'on préférait garder pour soi, alors il ne le forcerait jamais à parler.

"Un petit Japonais déraciné pour du vrai ? Je suis un vilain curieux, mais... Si tu ne veux rien dire, ne dis rien, je n'ai pas besoin de savoir ce qui tu as vécu pour t'apprécier."
"Ouaip...Adopté par un couple américain tout ce qu’il y a de plus typique...J’avais deux grands frères et deux petites sœurs. Ils surnommaient notre famille, la famille arc-en-ciel...Et rien avoir avec le drapeau lgbt..."
"Oh....Je crois que je vois ce que tu veux dire..."

Sid ne pouvait rien dire de plus, il n'avait pas grandi dans une famille normale non plus, mais pas le genre de famille que semblait avoir connu Kaoru.

"Ah ? Toi aussi, tu t’es demandé ce que tu avais fait au bon Dieu pour qu’il fasse de toi un malade d’homosexuel ?" dit-il, l’alcool faisant bien trop effet et ressurgir des choses peu agréable.

"Quand je leur ai dit...J’ai cru qu’ils étaient ok avec ça... Ma mère s’est levée, elle m’a embrassé et m’a dit qu’elle m’aimait et serait toujours là pour moi. Et tu sais quoi ? Elle était sincère, elle pensait sincèrement que ce que je venais de faire était un putain d’appel à l’aide !"

Submerger par l’émotion, le regard dans le vide, il revivait cet horrible instant.

"Il aura fallu moins de vingt-quatre heure pour que mon père me dépose dans ce putain d’endroit tout droit sorti de l’enfer. Il m’a abandonné comme on abandonne un foutu chien la veille des vacances... Certain que tout ce qu’il faisait, c’était pour mon bien, pour m’aider."

Sid déglutit en écoutant son amant parler, en entendant des souvenirs qu'il avait vécus...Il attrapa la bouteille et en prit une longue gorgée, regardant dans le vide, autant terrifié que triste.

"Oui...Moi aussi, je me suis demandé si Dieu me détestait, s'il était juste qu'il m'arrive ça..." Finit-il par dire, la voix tremblante et serrant un peu plus le bras autour des épaules de Kaoru. "La première fois que mes parents l'ont su... Mon père m'a mis une raclée rarement, j'en ai eu... La semaine suivante je... J'étais envoyée dans... Le même genre d'endroit que toi, je suppose..." Il en frémit, reprenant encore une gorgée pour essayer de faire passer cet horrible sentiment.

Devant le récit de Sid, il retrouva presque un peu de calme même si ces souvenirs faisaient écho au sien. Kaoru avait la sensation de pouvoir comprendre pourquoi il se sentait si proche de lui.

"Je me suis demandé à l’époque si ma vie se résumerait à ça... Être abandonné..." Murmura-t-il en gardant sa tête contre Sid.

"Comment t’en est parti ?"

"Un soir, avec un des autres gars... Je ne sais pas comment, mais on a réussi à chopper un des... Gardiens et on lui a pris les clefs...Je voulais tellement que ça s'arrête que j'aurais été prêt à tuer pour fuir cet endroit. Je suppose que.... Que t'as dû ressentir ça aussi... Dieu m'avait totalement abandonné alors...Je l'ai abandonné aussi...."

"Oui... Difficile de croire que quelqu’un de bien veille sur nous quand on voit ce qu’ils sont capables de faire en son nom" remarqua-t-il.

"Mais tout ça...C’est derrière nous..." Rappela-t-il autant à lui-même qu’à Sid avant de tourner son visage vers lui.

"Tu veux savoir une dernière chose ? Mais je te jure que si tu raconte ça à quelqu’un, je te tuerai de mes propres mains" bien qu’il suffisait de le voir sourire pour comprendre que sa menace était loin d’être réel.

"Oui derrière nous...Et je n'ai pas vu ma famille depuis ce temps-là, je suppose que c'est pareil pour toi..."[/color] Mais Sid s'en fichait bien de ça, il se fichait bien de ne plus avoir vu ses parents depuis toutes ces années, ça ne comptait pas, ils ne comptaient pas.

Il déposa un baiser léger sur les lèvres souriantes de son amant, tout autant amusé que lui par la menace à peine crédible qu'il venait de lui faire. Comme si cette bouille d'ange pouvait tuer qui que ce soit de ses mains !

"Je serai muet comme une tombe, dis moi tout, ma mignonne petite mascotte."

"Mon vrai nom, c’est pas Kaoru Kishiro… En réalité, je m’appelle Gabriel...Petterson”

Sid eut besoin de se mordre la lèvre, vraiment fort, pour tâcher de s'empêcher de rire, mais il n'y parvint pas et pouffa comme un gosse et devant l’attitude de Sid, Kaoru ne put s’empêcher de franchement éclater de rire.

"Ca le fait moins sur scène !"

"Oui, ça, c'est clair que Gabriel Petterson, c'est moins exotique que Kaoru Kishiro !" Plaisanta Sid en riant pour du vrai. "Ce n'est pas important comment tu t'appelles, tu sais, mais je le dirai à personne, promis."

"Je sais...Je te fais confiance Sid..."

Une façon pour Kaoru de lui dire qu’il l’aimait sans vraiment le faire, venant alors cueillir ses lèvres pour un nouveau baiser.

Par habitude, Kaoru posait peu de questions sur le passé des autres, cela lui évitait que ces questions ne lui soient retournées. Cette conversation venant renforcer leur relation, cela se répercutât d’ailleurs sur scène où Kaoru se montrait beaucoup plus en phase avec le chanteur, offrant moins de fil à retordre au groupe pour canaliser le plus jeune même si cela lui arrivait parfois de partir dans des solos sans que ça ne soit réellement prévu.

Kaoru dénotait avec le reste du groupe mais c’était au final ce qui faisait qu’il était attachant, devenant une sorte de petit frère pour le batteur et le bassiste, une sorte de mascotte. Le groupe avec le temps attirait un peu plus de fan, un peu plus de notoriété, commençant à se faire un nom, à attirer. Remplissant des salles un peu plus grand à chaque fois. Jusqu’à attirer l’oeil d’un Label.

Loin de se douter que ce serait au moment le plus décisif du groupe qu’il tomberait le plus haut.
Sid sortait d’un énième rendez-vous avec le dit label, le reste du groupe avait décidé de soudainement sortir prétextant qu’ils en avaient marre d’attendre Sid et une réponse du Label, sans savoir qu’en réalité...Tout ça était prévu depuis le départ pour que Sid et Kaoru se retrouve seul à seul.

"Alors ? On signe ?"

La situation était plus que compliquée. Au-delà de ça même, elle était presque cauchemardesque pour Sid. On lui promettait la gloire tant attendue, signer avec un label et faire enfin connaître le groupe ailleurs que dans l'état où ils vivaient. Jouer ailleurs que dans des bars et pouvoir faire de vrais albums studios qu'ils n'auraient pas payé avec leurs économies...Mais pour ça...Il fallait changer de guitariste.

Rien n'aurait pu déplaire plus à Sid, rien du tout. Parce qu'il aimait Kaoru, pas juste parce qu'ils étaient amants, pas juste parce qu'il était amoureux de lui, il aimait ce qu'il apportait au groupe, il aimait ce petit côté kawaï au milieu du bordel qu'ils formaient eux, les purs du death metal. Ils étaient partis, les autres du groupe, pour les laisser, pour que Sid puisse discuter avec lui. Une fois seul à seul, le chanteur fit tout ce qu'il put pour éviter le regard du guitariste, se frottant l'arrière de la tête avec un air emmerdé...

"Eh bien heu...Oui on va signer mais..." commença-t-il, pas certain de vouloir finir sa phrase.

Kaoru avait commencé à bondir de joie sans attendre la fin de la phrase de Sid, mais il s’arrêta rapidement en entendant le, mais... Fixant le chanteur, il essaya de comprendre sans avoir à lui poser de question, mais il n’y arrivait pas... Soit le groupe signait, soit pas, pourquoi devait-il y avoir un "Mais" ?

"Mais quoi ?" Demanda le guitariste en fixant Sid.

Sid eut du mal à relever les yeux vers Kaoru, déglutissant difficilement avant d'enfin parvenir à articuler : ''Le label...ne veut pas...de toi..."


Ce fut un véritable coup de massue pour Kaoru, il arrivait toujours à tirer quelque chose de positif de situation difficile, ça avait été ce qui l'avait toujours aider à survivre dans les pires moments, mais là sur l'instant, il se laissa juste retomber sur le canapé.

"Pourquoi ? Je pensais pas être mauvais..."

Sid ne savait pas quoi dire de plus, il ne pouvait même pas imaginer ce qu'il ressentait, mais voyait cette détresse et ça...Ça lui brisait le coeur. Sid vint s'asseoir à côté de lui et posa une main sur son épaule, pas certain d'avoir le droit de faire plus que cela.

"Ils...ne te trouvent pas mauvais c'est juste...Que ton style leur va pas...Ils veulent un groupe de death, pur et dur, et tu...tu fais tâche d'après eux..." Sid parlait d'une petite voix, presque timide.

Les mots étaient difficiles à entendre pour Kaoru, lui donnant l'impression de coup de marteau qui plantait, un à un, des clous dans son cœur. Il avait trouvé sa place dans ce groupe, au côté de Sid et entendre dire qu'en réalité, il faisait "tache" lui brisait un peu plus le cœur. Il baissa la tête, fixant ses pieds.

"T'es d'accord avec ça ?" Demanda-t-il dans un murmure.

C'était si difficile pour Sid...! Les autres n'étaient rien d'autre que des lâches pour l'avoir laissé affronter ça tout seul... Il glissa sa main sous le menton de Kaoru pour lui faire relever la tête et le regarder dans les yeux. Le regard grisâtre de Sid était plein de larmes.

"Non...Je ne suis pas d'accord, mais... Je... J'attends cette occasion depuis des années..." Il se tut, sa voix mourant dans sa gorge, conscient que ce qu'il disait pouvait paraître horriblement sans coeur.

Kaoru se perdit dans les yeux de son amant, les larmes déjà tout autant présente chez lui aussi. Il savait à quel point la musique comptait pour Sid et il se refusait à devenir un obstacle au bonheur de celui qu’il aimait.

"Vous avez intérêt à tout déchirer..."

Conclut-il d’une voix tremblante, s’efforçant de sourire comme il le pouvait même s’il avait l’impression qu’on l'abandonnait encore une fois, qu’il était de trop et le serait toute sa vie.

Sid avait le cœur brisé, incapable de ressentir autre chose qu'un immense chagrin en regardant le guitariste. Il ne voulait pas lui faire de peine, il se moquait de ce que pensaient les autres, mais il voulait réussir, il voulait saisir cette chance...

"Je...Je ne veux pas t'abandonner, Kao. Je...Je t'aime." avoua-t-il pour la première véritable fois. "Et...Même si tu...si tu ne fais plus partie du groupe...ça veut pas dire qu'on doit arrêter de se voir tous les deux..."

Le coeur du guitariste se serrait douloureusement dans sa poitrine en l’entendant. Il ne voulait pas l’abandonner, mais dans le fond, n’était-ce pas ce qu’il était exactement en train de faire ? Il avait tellement envie de lui en vouloir, mais il en était incapable, la colère, ça ne faisait pas partie de lui.

"Je t’aime aussi..." Murmura-t-il en agrippant le poignet de Sid "je t’aime tellement..." Il n’avait aimé que deux fois dans sa vie et à chaque fois, Kaoru avait fini par être la source d’un problème. La justice pour Cyriel, la carrière pour Sid.

"Je deviendrai la pire groupie que tu puisses avoir" plaisanta-t-il malgré les larmes qui lui roulait sur les joues.

Voir les larmes couler de ses yeux si innocents et tristes acheva Sid, qui laissa ses propres larmes couler et ruisseler sur ses joues. Il n'était sûr que d'une chose à l'heure actuelle : il aimait Kaoru et ne voulait pas le voir s'envoler loin de lui. Mais il ne savait pas si il pouvait le garder, si il en avait le droit...

Il approcha son visage pour venir embrasser délicatement son amant, sa remarque lui ayant arraché un petit rire même si la situation était tout sauf drôle. C'était tout Kao ça, trouver le mot pour rire dans toutes les circonstances et c'était une de choses qu'il aimait le plus chez le guitariste.

"Tu seras ma groupie préférée" promit-il avec un petit sourire.


Kaoru chercha encore le contact de ses lèvres, incapable de pouvoir s’en détacher. Il l’embrassait avec cette peur effroyable que ce baiser pourrait bien être le dernier. Il l’embrassa encore et encore, l’aima, là sur ce canapé. Il ne voulait pas le perdre, il ne voulait pas être un poids non plus.

Il essaya d’être au côté de Sid, de soutenir le groupe, d’être le fan qu’il avait dit qu’il serait, mais il y avait ce sentiment qui venait tout gâcher à chaque tournée : l’abandon. C’était une véritable torture, il ne pouvait pas toujours les suivre et chaque fois, c’était une véritable torture pour Kaoru. Il n’en montrait rien, du moins, il essayait, mais il fallait être aveugle pour ne pas remarquer le poids perdu, les cernes sous ses yeux. Le sentiment d’abandon était tellement fort qu’il finissait par paralyser le nippon.

Ce ne fut donc une surprise pour personne lorsque, à un retour de tournée, Kaoru s’était simplement volatilisé en laissant derrière lui une lettre. Il savait que c’était lâche, il savait que ce n'était pas la meilleure façon de faire, mais il savait que face à Sid, il aurait été incapable de partir, au contraire, il aurait continué à souffrir comme il le faisait jusqu’à présent pour lui.

Cette lettre contenait tout son amour, tous ses espoirs pour le groupe.

Repartant pour une ville de voyage et de musiques, Kaoru continuait à remplir quelques salles, profitant de sa réputation, mais aucun Label ne chercha à faire signer un homme seul et lui... Il se refusait catégoriquement de revivre cette douleur en faisant à nouveau partie d’un groupe. Il eut plusieurs propositions, mais il les déclina tous, non, il ne pouvait pas jouer dans un autre groupe, il ne prendrait plus jamais ce risque.

Dans sa vie de voyage, le japonais ne put s’empêcher de continuer à suivre ses anciens camarades, à regarder les magasines spécialisés. Au final, il tenu la promesse qu’il avait faite à Sid, il devint une groupie. S’arrangeant pour pouvoir dans les mêmes villes, il venait parfois à des concerts quand il avait les moyens de s’offrir une place et lorsqu’il ne les avait pas, il attendait le groupe au loin... Juste pour pouvoir les apercevoir. Jamais il ne vint directement les voir, aussi discret que pouvait l’être un fantôme. Disparaissant toujours avant qu’on ne puisse chercher à lui parler, à le rejoindre ou le rattraper.

En réalité, jamais Kaoru ne réussit à tourner la page.

C’est ainsi qu’il se retrouva à la Nouvelle-Orléans, parce qu’il était incapable de passer à autre chose.

Il continua de jouer dans les bar, dans la rue. Dormant à nouveau dans des squats. À quoi bon chercher un appartement ? Dans chaque ville où il s’arrêtait, Kaoru offrait de son temps libre en journées pour les associations, redevenant le musicien qu’il était le soir. Lorsque les nuits étaient trop dures, il trouvait du réconfort dans l’alcool. Ce fut un miracle en réalité qu’après autant d’expérience dans la rue, il n’ait jamais touché à la drogue.

Parfois, en des rares moments de perditions, il finissait dans une Église à prier, à pleurer avant de reprendre le visage de l’homme joyeux et heureux.

Il travaillait pour la soupe populaire lorsque le Black-out eut lieu. Il se souvint avoir vu plusieurs autres bénévoles et sdf faire un malaise avant de lui-même sombrer. La suite, il n’en a pas vraiment de souvenir en réalité. Une certaine douleur, c’est surtout des sensations, de sensations très simples, très primaires : la peur, la faim.

Lorsqu’il se réveilla dans le bayou, nu comme ver, le corps endolori, il fut incapable d’expliquer ce qui s’était passer. Il pouvait pourtant sentir en lui que quelque chose avait changé. Oui, il en était certain, quelque chose avait réellement changé. Il pouvait entendre des rires étranges, une présence rassurante, presque familière sans l’être réellement au fond.

Les infos lui permirent de comprendre ce qui s’était passé, le temps à comprendre ce qu’il était devenu et ce qui cohabitait à présent avec lui, en lui. Sa seconde transformation ne fut pas plus causée par la lune, mais par l’émotion, trop forte. Son inquiétude des suites du black-out le poussa à chercher après Sid, il le savait à la Nouvelle-Orléans, le black-out avait fait beaucoup de mort il craignait que dans la liste se trouve le nom de celui qu’il avait aimé et qu’il aimait toujours.

Son inquiétude des suites du black-out le poussa à chercher après Sid, il le savait à la Nouvelle-Orléans, le black-out avait fait beaucoup de mort, il craignait que dans la liste se trouve le nom de celui qu’il avait aimé et qu’il aimait toujours. Atténuant la douleur morale, elle chercha, elle trouva, il ne se souvint pas avoir vu Sid mais à nouveau, lorsqu’il se réveilla nu dans le bayou, il avait la certitude qu’il allait bien.

En comprenant ce qui déclenchait ses transformations, en plus de la pleine lune, il se filma pour pouvoir se voir, pour pouvoir faire connaissance avec cet autre part de lui-même. C’est assez rapidement que Kaoru rejoignit les Moonshine, cherchant à pouvoir contrôler ses transformations, mais surtout à aider les autres beasts à s’accepter et accepter la part animal en eux.

Il tient à ce que le monde les accepte, sa ferveur dans son combat étant probablement causé par son passif face à l’homophobie. Il voit d’un très mauvais œil le programme de l’Etat et leurs camps pour aider au contrôle. Loin de pouvoir faire confiance à ce type d’organisation. Bien qu’il l’ignore, chacune de ses transformations à suivi même schémas, retrouver Sid, ne s’approchant jamais assez pour être attrapable, fuyant, fouillant les poubelles, se nourrissant de manière opportuniste, évitant l’Homme et finissant systématiquement par se cacher dans le bayou, là où il se réveille à chaque fois.