Sidney "Sid" Custer - I am a pink fluffy unicorn dancing on rainbows

Sidney a un régime alimentaire exclusivement composé de sang animal, qu'il récupère le plus souvent dans une boucherie en bas de chez lui. Il se nourrit donc principalement de sang de bœuf ou de porc, récupéré en totale légalité et sans s'en prendre à des animaux, puisque le sang provient de bêtes destinées à l'abattoir.

Ses pouvoirs d'hypnose et de contrôle s'appliquent donc sur les animaux, ceux qu'ils préfèrent manipuler sont surtout les rats, serpents, chats et corbeaux. Mais il peut les utiliser sur tous les animaux sans distinction. Grâce à ses dons, Sidney a surtout la capacité de communiquer avec les animaux, d'où ses petites préférences pour les chats et les serpents.

Il n'est cependant pas très doué, encore, et pas très à l'aise avec ses pouvoirs et il peut arriver qu'il y ait une méprise dans la communication qu'il a avec les animaux et dans sa manipulation, entrainement parfois des situations pour le moins gênantes, voir dangereuses par moment.

On ne choisit pas sa famille. On ne choisit pas son enfance. On ne choisit pas ce que l'on est, au fond de soi-même. On ne choisit pas grand chose en fait, dans la vie. C'est comme ça, la vie est ainsi faite qu'on ne peut rien choisir, en particulier ce que l'on est. Moi je n'ai pas choisi de naître en plein Texas, fils unique d'un couple marié, très pratiquant et heureux d'avoir enfin un fils après toutes ces années de tentatives infructueuses. Depuis que je suis petit, on m'emmène à l'église. Depuis que je suis petit, j'entends parler de la parole de Dieu, de la Bible et tout ce qui va avec. Depuis que je suis petit, on me berce dans la religion chrétienne, on m'apprend que Dieu est grand, qu'Il pourvoit à tout et que Sa volonté fait loi, que Ses voies sont impénétrables.

Ceux qui me connaissent, ceux qui me connaissent vraiment je veux dire, savent que je n'ai pas rejeté cette éducation tout de suite. Gamin, je faisais parti de la chorale de l'église, j'étais scout, un petit gamin parfait qui rendait ses parents heureux et faisait tout ce qu'on lui demandait. J'avais de bonnes notes, un bon comportement et une vraie tête à claque, en plus d'un prénom de filles. Laissez moi vous dire que les autres gamins se marraient bien à m'en mettre plein la tronche. En particulier Donnie. Ah celui-là...Une vraie ordure, même pour un gamin, un insupportable gosse qui s'amusait beaucoup à m'insulter, à me voler mon déjeuner ou à se moquer de moi encore et encore. Ça ne m'a jamais vraiment été égal, même si je faisais comme si ça ne me touchait pas. Mais en fait, à part ça, j'ai eu une enfance plutôt heureuse.

C'est à l'adolescence que j'ai compris que j'avais quelque chose d'un peu différent. Quand je voyais mes amis, au lycée, avec des filles, mon éducation religieuse m'a dit que ce n'était pas bien. Mais ce n'était pas ça qui me faisait me sentir différent. Non c'était tout autre chose. Quand Alan, mon meilleur ami, me parlait de Carmen, sa binôme de chimie, et du fait qu'il voulait l'inviter au bal de fin d'année...Moi tout ce que je pensais, c'était que j'aurais bien aimé y aller avec lui, au bal. Alan était mignon, blond, des yeux verts lumineux et un sourire d'ange. Mais il était timide, il n'arrivait pas à parler aux filles. Et pendant qu'il n'arrivait pas à parler à Carmen, moi je n'arrivais pas comprendre pourquoi c'était lui qui m'attirait et pas une fille de la classe.

Il faut bien comprendre que moi, à cette époque, je n'avais dans le crâne que les préceptes de la Bible. Être attiré par un homme, ça me faisait peur, parce que je savais que Dieu n'aimerait pas ça. J'étais mal à l'aise avec ce que je ressentais, je ne savais pas quoi faire, quoi penser. Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre qu'en parler à mes parents...? J'avais besoin de leurs conseils, de leurs avis. Jamais je n'ai pris une raclée comme mon père m'a mis ce jour-là. Il m'a frappé à coups de ceinture, tellement violemment que j'ai eu des plaies ouvertes sur le dos. Il me traitait de monstre, d'erreur de la nature, comme si c'était un choix, comme si je voulais ressentir ces choses pour un homme au lieu d'une femme. Ma mère n'a rien dit, elle ne l'a pas arrêté. Je me rappelle son regard, elle était déçue plus qu'en colère, elle avait cet effroi dans les yeux que je n'ai pas revu chez quelqu'un depuis.

La semaine suivante, on m'a envoyé dans un camp de redressement du comportement. Un de ces camps chargés de "soigner" les homosexuels. Est-ce qu'il est bien utile que je vous décrive ce qu'on m'a infligé pendant ces quelques mois passés dans le centre...? Raconter ça, c'est...difficile. Ce sont des évènements auxquels je ne veux pas repenser, en général, parce que ça fait mal, parce que ça me rappelle de quoi les gens sont capables quand ils ont peur de quelque chose. Et ça me rappelle aussi ma famille. Ma famille qui m'a envoyé là-bas en sachant parfaitement ce que c'était que cet endroit. Mon père ne m'a plus redit un seul mot depuis ce soir-là. Ma mère n'a plus jamais cessé de me regarder avec cet air de dégoût dans les yeux. Comment on peut faire ça à son propre enfant ? A sa chair et son sang ? Je ne comprendrai jamais. En tout cas moi, des gamins, je n'en ferai pas ça. Avoir ça à gérer...Non, déjà je me gère moi, c'est bien assez difficile...

Inutile de vous dire que je me suis barré du centre en moins de six mois. Avec Matthew, un autre gars du centre, on a réussi à piquer des clefs et à s'enfuir. Je ne suis pas retourné chez moi, pourquoi j'y serai retourné ? Je dégoute ma famille, pour eux je suis un monstre qui n'a pas sa place parmi eux. C'est dans ce centre que j'ai perdu la foi. Plus que ça. C'est dans ce centre que je me suis mis à appeler un autre être supérieur à l'aide : Satan. Oui, ça peut faire cliché, le chanteur de death metal qui croit réellement à Lucifer et le prie. Mais c'est le cas. Parce que toute cette saloperie de religion, ces conneries sur Dieu et le reste...Plus rien en moi ne croit que Dieu est grand et qu'Il est bon. Je préfère me vouer à Lucifer et ses Légions, au moins lui ne demande rien en échange et ne traite pas les siens de monstres juste parce qu'ils sont différents.

J'ai trainé mes guêtres dans tout le Texas avant de partir. J'ai rencontré des tas de gens. Pas tous des gens bien mais rarement des gens mauvais. J'ai beaucoup trainé dans les squats, dans les bars miteux, pour essayer de trouver des gens avec qui m'entendre, avec qui partager un peu ma vie. Je chantais toujours aussi bien. Mais à part chanter un peu dans les bars et les métros, il n'y avait pas grand intérêt. Jusqu'à ce que je rencontre Gabe. Gabe était batteur, il avait un minuscule appartement et cherchait un chanteur pour former un groupe avec son ami bassiste. J'ai sauté sur l'occasion, bien entendu. Mais pendant un long moment, ça n'a rien donné. Gabe était juste batteur, Alec grattait un peu mais il était meilleur en basse qu'en guitare et moi, j'avais beau essayé, je ne savais que chanter et rien faire d'autre.

Et puis Kaoru est arrivé. Comment décrire ce rayon de soleil qu'il a été dans ma vie sans tomber dans le mièvre...? Je n'ai que des clichés à vous raconter, que des histoires d'amour à la con et des expressions vues mille fois. Mais Kaoru a vraiment changé ma vision du monde et de la vie. Avant de le rencontrer...Ce n'est pas que je ne m'assumais pas, mais je n'étais pas le plus à l'aise des gays. Il m'a permis de m'ouvrir, de comprendre que je ne devais pas être aussi...coincé en fait. Les années que j'ai passé avec lui ont sans aucun doute été les meilleures de ma vie. Et si je devais changer quelque chose à ma vie, ce serait cette décision horrible que j'ai prise de le faire fuir. Si je pouvais refaire le passé, je ne signerais jamais ce contrat, tant pis pour la carrière, l'argent et le reste, au moins j'aurais passé ma vie avec lui au lieu de pleurer son absence.

On a passé plusieurs années de galère, malgré tout. Jusqu'à être repéré par un label. Un label qui ne voulait pas de Kaoru, de son peps et de son côté kawaï japonais qui ne collait pas à notre image. Notre groupe, Sons of Baal, s'est un peu transformé. Jouer aux satanistes sur scène, ce n'est pas si spécial que ça dans notre "branche". Mais ça a marché. Sur le marché du death metal, on s'est bien fait connaitre, on a fait de gros festivals, de grosses tournées, c'était formidable. Génial. Mais pas de quoi me faire oublier Kaoru. Jamais je n'ai pu. Et jamais je ne me suis posé avec quelqu'un depuis qu'il est parti. Cette lettre reste gravée dans ma mémoire, au fer rouge, et je la garde depuis tout ce temps, je la garde dans ma table de chevet et je la relis de temps en temps...Si seulement j'avais pu prendre quelque chose à lui avant qu'il parte...

Depuis quelques années, je suis allé vivre dans une ville qui respire bon le mysticisme, le satanisme et le reste : la Nouvelle-Orléans. Le groupe a toujours du succès, on tourne régulièrement mais j'ai le temps de me poser, de souffler entre les tournées et les productions d'albums. Ce n'est pas aussi intensif qu'on pourrait le croire, on fait du death après tout, on est pas non plus en tête d'affiche des festivals alors ça va quoi...J'avoue que depuis le Black Out, c'est beaucoup plus calme. On a tous essayé de s'en remettre avant de recommencer. Surtout que par une étrange coïncidence, on est tous les quatre, Gabe, Alec, Andy et moi, devenus des Ghouls. Vivre la nuit, se nourrir de sang, craindre mortellement le soleil...Tout ça était déjà dans note image. Mais que ça devienne vrai, c'était juste dingue.

Mon Black Out, je l'ai vécu chez moi, heureusement. La veille, j'avais beaucoup bu, j'étais rentré avec d'autres hommes, pour baiser toute la nuit sans me préoccuper de rien. Quand je me suis réveillé, en pleine après-midi, il n'y avait plus personne dans l'appartement. Juste un énorme chat noir que je ne connaissais pas. Un énorme chat noir que j'ai dévoré. Parce que je n'ai pas pu m'en empêcher, il fallait que je mange, il fallait que je boive et l'odeur de son sang était si délicieuse à mes narines...Je me sentis affreusement mal. Parce que j'avais tué un être vivant, une chose qui ne me plait pas, en dépit de ma croyance satanique, je n'aime pas faire du mal autour de moi. Ça a été dur. Vraiment dur. Les premiers temps je ne suis pas sorti de chez moi, les quatre gars me rendaient visite et m'amenaient de quoi manger, puisqu'on a vite compris que seul le sang pouvait nous contenter et satisfaire notre faim...

Des Ghouls musiciens de death metal, je crois qu'on ne peut pas faire plus cliché et que l'on est actuellement un des seuls groupes à n'être composé que de Ghouls. Même d'autres grands groupes ne le sont pas, ils sont plus diversifiés. Comment se fait-il que nous non ? Je me pose la question et je me dis que c'est peut-être une punition. Personne n'aime les Ghouls. Personne ne leur fait confiance. Et je pense que c'est une punition pour avoir abandonné Kaoru. En tant que Ghoul, je ne pourrais probablement plus jamais être vraiment avec quelqu'un, même si je l'avais voulu...