Brothers and enemies - Tybalt

Il était des situations qu'on ne pouvait pas éviter et d'autres qu'on créait parce qu'il était plus simple de foutre la merde que trouver une raison d'être sage. Étrangement... En fait, pas du tout étrangement, Klaus avait décidé de se ranger du côté de la facilité. Pourquoi ? Avec Army of Chaos, il pensait avoir une vraie place dans la lumière. Longtemps, l'homme avait espéré être plus qu'un simple homme de main, un simple pote ou même un simple orphelin qui servait d'ami et de garde du corps ou d'exécutant, quand y avait besoin. Il se sentait destiné à autre chose et eux, ces rebelles fouteurs de merde, eux, lui permettaient de rêver à nouveau et de croire en un autre futur. Bien sûr, il pensait à sa fille, son seul trésor en ce monde et prétextait qu'il voulait construire jardin d'Eden où elle n'aurait plus peur de ses facultés, où elle pourrait maîtriser ses dons et être ce qu'elle voulait. Au début, s'il n'avait pas été convaincu de cette excuse, l'homme avait dû se résoudre à admettre que c'était aussi une de ses vérités. Il était un mauvais père, un mauvais compagnon mais s'il pouvait au moins permettre à la prunelle de ses yeux de vivre mieux que lui, alors ça valait bien la peine de se mettre dans la merde.

Et qui pouvait comprendre ça ? Personne. Pas même Tybalt qui était censé être la personne la plus proche de lui. Cet idiot... Ce débile aurait pu faire autre chose, lui aussi, en prenant la même voie que le warlock. Ce débile aurait pu se libérer de ses démons, apprendre à se servir de ses pouvoirs et devenir ce qu'il voulait. Au lieu de ça, il avait prétendu vouloir faire le bien. Pour une femme... Un ricanant amer quitta les lèvres du blond. Pour une femme, son frère avait montré un visage de faire geignard. Comment pouvait-on prétendre être un homme bien quand on tenait un club hors la loi et quand on faisait constamment disparaître des choses et d'autres dans le bayou ? A qui voulait-il faire croire qu'il était un ange ? Klaus connaissait l'essence même de son camarade. Et même si le brun souhaitait être blanc comme neige, le blond savait parfaitement que sa tenue était pleine de traces des choix pris. Le pyromancien avait fait un choix et acceptait largement sa nature. Il n'était pas un enfant de choeur et le serait même jamais. Il n'avait qu'une vraie compétence : tremper dans les affaires louches. Alors il y plongerait entièrement et sans crainte parce que c'est ce qu'il savait faire. Pour l'instant.

Cependant, avant même de se lancer à l'aventure, il y avait des choses à régler, des choses à faire. Pour commencer, l'homme avait rendu son appartement, virer les preuves compromettantes sur toutes les embrouilles qu'il avait commises ou couvertes et avait prétendu quitter la ville pour affaire, sac à l'épaule après avoir vendu la majorité de ses biens comme les meubles, les trucs de sports ou quelques babioles. Les seuls biens qu'il conservait furent son téléphone pour communiquer avec sa petite tête blonde et sa voiture qu'il ne pourrait pas éternellement emporté avec lui. A vrai dire, Klaus avait même décidé d'aller chez les Lioncourt pour y laisser les clés. Eux, au moins, ils en auraient l'utilité.

C'est sur cette décision que le pyrotechnicien prit la direction de la propriété familiale. Quelque part, ça lui déchirait le cœur de leur tourner le dos mais en avaient-ils quelque chose à faire ? Il n'était qu'une pièce rapportée et ce, malgré l'affection que lui avait porté Joséphine ou ses enfants. Cette idée serra le coeur de l'orphelin qui commençait à sentir une pointe de regret. Et s'il faisait une connerie ? Oui, probablement qu'il en faisait une. A cent pour cent sûr, il en faisait une mais il fallait qu'il le fasse. Il fallait un autre décor, une autre mission, d'autres visages, une nouvelle famille. Il fallait un autre départ, un autre groupe. Inconsciemment, une larme vint rouler sur la joue du gaillard qui s'empressa de l'effacer tandis qu'il passait les premiers mètres du territoire familiale.

En sortant de sa bagnole, le pyrokinésiste prit une longue bouffée d'air. La maison de son adolescence lui manquerait, la vue aussi. S'approchant de la porte d'entrée, il fit attention à ne pas faire trop de bruits pour ne pas attirer l'attention. Il refusait de croiser sa mère ou les autres enfants de la matronne. Il voulait juste poser ses clés et laisser une lettre à la femme qui lui avait servit de figure parentale toutes les années où il avait eu besoin de quelqu'un dans sa vie. En fait, avant même de pouvoir placer son enveloppe, le blond fit le tour du propriétaire comme s'il tentait de graver dans sa mémoire chaque détail, au moindre mur, moindre mobilier, moindre tableau. Il inspectait tout et finalement s'arrêta devant un portrait familiale. Il s'y trouvait avec les autres.

"J'étais chez moi..." qu'il murmurait pour moi, ses yeux bleus fixés sur les visages d'adolescents qui figuraient sur le papier, ses pouces caressant le cadre en bois vernis. Ouais, c'était le bon vieux temps et il était chez lui, à cette époque.