Tonight is the Night - Bayou Horror Story

Son instinct se figea à l'intérieur d'elle, l'obligeant à mettre ses sens en éveil. Cette décoration n'avait rien à voir avec ce qu'ils avaient pu faire. Ses yeux se posèrent sur le Baron Samedi, chez qui elle chercha des explications. Un début d'explication en tout cas. Mais en croisant la surprise sur son visage, elle comprit qu'il n'était visiblement pas au courant de ce qu'il se tramait. Et dès lors, Max se sentit se tendre d'avantage. Jusqu'à l'apparition de cette femme qui leva la voix. La rumeur se tut alors, et la brune eut l'impression de sentir son champ des possibilités se réduire.

C'était elle qui produisait ça ? Elle qui les enfermait dans cette... Pièce ? Cette illusion ? Peut-être que ça n'avait rien de menaçant pour l'instant, mais Max se disait qu'avec un nom comme celui-ci Army of Chaos, ça n'augurait rien de bon. Mais il y eut autre chose. Cette pointe sinistre remontant dans ses tripes, cette impression qui lui compressa alors le crâne. Elle avait l'impression d'avoir la tête prise dans un étau, qui serrait, serrait encore, jusqu'à essayer de faire éclater l'os. Sa main se porta à sa tempe pour faire partir cette sensation, sans succès :

Tybalt... Appela-t-elle pour obtenir de l'aide. Elle se sentait perdre un contrôle qu'elle ne voulait vraiment pas perdre. Car l'instant d'après quand elle cilla des paupières, en sentant un voile lui masquer la vue, ce fut pour constater que toutes les personnes qui l'entouraient étaient totalement figées. Pas un mouvement, seulement un bruit qui allait au delà d'eux. Sa main se saisit de celle de Tybalt, qu'elle sera forcément, tira à elle. Ce fut assez pour lui rendre son mouvement, le sortir de sa bulle de temps arrêté. Je... Je suis désolée... Je ne le contrôle pas...

Une goutte de sang perla de son nez sur le maquillage qu'il s'était donné de la peine à faire. Une goutte qui coula jusqu'à ses lèvres, avant de devenir plus conséquente. Un filet qu'elle tenta d'interrompre de sa main plaquée contre ses narines.

Elle n’allait pas bien, mais Max fit de son mieux pour retrouver son calme. La douleur à son crâne lui donnait la nausée, pour autant, le fait de fermer les yeux, se concentrer, essayer de ne pas perdre davantage le contrôle, lui permit de rétablir la chronologie. Les gens autour d’elle se défigèrent à sa guise, et elle jeta un regard vers Tybalt en serrant un peu plus sa main. La gorge nouée par une angoisse soudaine, ses yeux se détournèrent de l’intruse à la recherche de ce qui comptait le plus pour elle :

Joey… Murmura-t-elle en se rappelant qu’elle l’avait laissé loin d’elle.

Était-il en sécurité ? Est-ce qu’ils avaient investi la totalité des lieux ? Menaçaient-ils d’autres gens ? Ce fut de toute façon largement suffisant pour lui mettre une pression supplémentaire sur les épaules. Joey était probablement en danger, quelque part. A la merci de gens qui avaient des habilités, alors que lui ne pouvait pas se défendre. Il n’était pas question qu’il soit blessé, ou pire ! Relâchant la main de Tybalt, Maxine s’avança d’un pas décidé : il fallait faire cesser ce manège, stopper cette illusion. Et puisque c’était elle la responsable, alors elle s’en prendrait à cette dernière sans sourciller.

Fais sortir les autres. Exigea-t-elle de Tybalt d’un regard pressant, avant de se concentrer à nouveau.

Son regard focalisé sur la jeune femme aux cheveux colorés, elle s’imagina la glacer, la figer totalement. De ce petit groupe autour d’elle, elle n’aura peut-être pas l’impact qu’elle voulait mais ça serait toujours un début : elle figea le temps autour de sa victime, et sa victime avec ça. Qui fut soudainement totalement immobile, de même que les trois personnes autour d’elle. Cependant, ça ne tiendrait pas éternellement, ça n’était qu’une question de minutes avant que le cours normal des choses reprenne…

Allez, dépêchez-vous ! Grogna-t-elle en essayant de hâter la foule pour les mettre à l’abri.

C’était insupportable à voir : ce déchirement au sein même d’une communauté. Des amitiés qui se brisaient sous un regard. Max eut cependant toutes les peines du monde à suivre la joute entre Tybalt et le grand blond à ses côtés, notamment parce que son crâne commença à cogner farouchement. Elle eut l’impression de se retrouver sous un marteau piqueur, et de se faire broyer l’os violemment. Ses mains tremblèrent sous le coup de la pression, mais davantage encore quand elle eut l’intime sensation que quelque chose lui compressait la tête.

Elle ne maitrisait rien. Plus rien du tout. Ce qui la poussait jusque-là à figer le temps se permit de l’accélérer, puis de le ralentir, et enfin de le remonter. Pour peu qu’on soit pris dans sa cible, alors son influence se faisait arbitraire, et surtout extrêmement douloureuse pour elle. Max dut relâcher son attention, se détourner d’eux, se prendre la tête entre les mains pour atténuer ce qui était en train de la tuer. Sa vue baissa brutalement, elle eut l’impression d’être aveugle, et son saignement de nez reprit presque au rythme d’une fontaine.

Finalement, Max ploya le genou pour s’effondrer au sol. Maintenue par l’herbe fraîche de cette saison, raccordée au monde par ce seul biais, elle ne priait plus que pour une chose : que tout ça s’arrête. Il le fallait, vraiment, ou sa tête allait finir par exploser.